Inexorable, de Claire Favan, aux Éditions Robert Laffont, collection La Bête Noire : Différent. Poignant. Viscéral. 

Le dernier livre de Claire Favan a beau être différent de ce qu’elle écrit habituellement, il n’en est ni moins addictif, ni moins passionnant, bien au contraire.

Déjà parce que, quand on sait employer les bons mots au bon moment, le lecteur est intéressé. Peu importe qu’il ne soit pas question de bains de sang, de tueurs impitoyables, ou autres joyeusetés(que j’apprécient très souvent, au demeurant).

Ensuite parce que le sujet en lui-même EST passionnant.

Un enfant peut-il être tenu responsable, par hérédité, des erreurs de ses parents ? Un parent qui commet des méfaits (peu importe lesquels) fait-il obligatoirement peser sur son enfant le poids de ses fautes ? Ou est-ce la société qui, par défaut, estime que la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre ?
Combien de petits, dès leur plus jeune âge, apprennent à cacher leur différence, grâce ou à cause d’un instinct typiquement enfantin, parce qu’ils savent que s’ils montrent la moindre faiblesse, la moindre prise, ils seront alors regardés d’une autre façon ?

Ce sont ces questions, et beaucoup d’autres, que l’auteure a cherché à mettre en lumière. Pas forcément pour y apporter des réponses définitives, mais plus pour poser les bases d’une possible réflexion.

Je pense qu’il y a différents niveaux de lectures dans un ouvrage de ce type.
Premièrement parce que le lecteur l’appréhendera selon son propre vécu, d’après son passif éventuel de témoin, victime ou acteur ou bourreau.
Deuxièmement parce qu’il faut (selon moi) faire la part des choses entre la prise de conscience que Claire Favan cherche à déclencher, et l’histoire qu’elle nous conte pour nous amener jusqu’à elle.
Ce livre est une fiction qui a pour but de dénoncer un problème réel et fréquent dans notre société : la mise au ban de ce et ceux qui ne correspond(ent) pas à nos attentes.

Et j’ai apprécié que l’auteure elle-même prenne le risque de livrer un roman très différent de ce qu’elle offre d’habitude (et donc de nos attentes que nous prenons un peu trop pour acquises) pour précisément parler de ce sujet. Tout cela est on ne peut plus cohérent, selon moi.

Pour autant, le roman ne manque ni de suspense, ni de dynasmisme. L’histoire est très prenante. On s’attache à Milo, bien sûr, mais pas seulement. On aimerait aider Alexandra, mais pas uniquement. On veut savoir, on veut comprendre, et on aimerait changer les choses. Nous évoluons avec cette famille, les suivons dans leurs malheurs, espérons avec eux dans leurs trop brefs moments de paix.

Ce livre traite de la différence. De toutes les différences. Visibles ou invisibles.
L’auteure a décidé de faire de son personnage principal le fils d’un repris de justice, et c’est très bien ainsi. C’est sa différence à lui, elle aurait pu être autre, le résultat serait le même.
Que nous le voulions ou pas, notre société veut que nous répondions à certains critères. Que nous rentrions dans le fameux moule. Et quand ce n’est pas le cas, l’appareil (familial, sociétal, judiciaire, éducatif…) s’emballe et se dérègle.
Un peu comme quand on écrit un livre qui est différent de ce que les lecteurs attendent. Est-ce une raison pour ne pas l’écrire ? Faut-il systématiquement être et faire ce que « les gens » attendent de nous ? Non, bien sûr que non.

C’est de quoi il est question dans ce roman : Milo assiste à la violente arrestation de son père du haut de ses 4 ans.
Cet épisode traumatisant va rendre le petit garçon colérique, agressif et renfermé. Son attitude va pousser les autres (enfants et adultes) à le traiter différemment. Ce qui ne fera que renforcer son mal-être. Qui lui-même augmentera sa colère. Colère qui amènera l’entourage à le mettre encore plus à l’écart.

C’est le cercle vicieux. Les premiers tours d’un engrenage qui ne cessera d’isoler Milo. Et de l’amener à reproduire les mêmes erreurs, qui apporteront les mêmes résultats.
Milo enfant, adolescent, ou jeune adulte se retrouve enfermé dans cette spirale. Eternel Sisyphe moderne. Voilà pour l’histoire.

Pour ce qui est du style, je l’ai aimé tout autant. Le ton est juste, fluide, approprié. Naturel. Il m’a fait ressentir de l’agacement, de la résignation, de la colère, de la tristesse, de l’espoir. Mais à aucun moment de l’ennui ou de la déception.

L’auteure vise le coeur et non les tripes, avec ce roman. Et elle l’atteint, en plein centre.

 

Je remercie les Éditions Robert Laffont pour cette très très bonne lecture.

4ème de Couv :

Vous ne rentrez pas dans le moule ? Ils sauront vous broyer.

Inexorables, les conséquences des mauvais choix d’un père.
Inexorable, le combat d’une mère pour protéger son fils.
Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l’éternel coupable.
Inexorable, la volonté de briser enfin l’engrenage…
Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants. 

 » Claire Favan franchit un cap avec cette histoire qui touchera inexorablement votre âme.  » Yvan Fauth, blog EmOtionS.
 » À l’enfant qui est en vous, ce livre peut raviver des douleurs. À l’adulte que vous êtes devenu, il vous bousculera dans vos certitudes.  » Caroline Vallat, libraire Fnac Rosny 2

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12 commentaires sur “Inexorable, de Claire Favan, aux Éditions Robert Laffont, collection La Bête Noire : Différent. Poignant. Viscéral. 

    1. Il est tentant, et il tient toutes ses promesses ! Pour ce qui est du style, il n’y a pas de souci à se faire, sincèrement. Personnellement, les seules choses que je prends en considération, ce ne sont pas mes attentes, mais plutôt la qualité l’histoire que l’on me propose et la façon dont l’auteur me la raconte. Et cette histoire-là est partiulièrement intéressante et très bien exploitée 🙂

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      1. Une très bonne lecture noire, que tu apprécieras autant que moi j’espère. Hâte de lire ton retour !

        (Au fait, j’ai oublié de te demander tout à l’heure, quel est le titre de celui que tu as déjà lu ?)

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